M'écriture deviendra grande

Publié le par Fée Réelle

Après avoir posté l'article d'hier, aujourd'hui j'ai encore cogité sur ce que m'apporte l'écriture, pourquoi specialement l'écriture? J'ai du passer par le même cheminement que Sartre qui dans son récit autobiographique Les Mots a replongé dans son enfance , ses onze premières années qui, selon lui, ont determiné son destin d'homme de lettres et de philosophe. Je me suis alors posée la même question: qu'est ce qui m'a conduit vers cet amour de la littérature, qu'est ce qui s'est passé dans mon enfance et qui m'a éveillée à cette sensibilité aux mots. Pourquoi? Comment?

A priori, et je pense que c'est un élement essentiel, mon entourage est un entourage instruit: mes parents m'ont initiée à cela. Ma mère m'aidait beaucoup à faire mes devoirs d'ecolière et surtout en langue française. Mon papa lui c'était un conteur de talent qui, rien qu'en nous narrant des histoires rocambolesques, nous amenait à voyager en imagination dans des sphères inimaginables par nos petites têtes à mon frère et moi. Il a été le premier à m'intéresser aux ovnis, je me rappelle même qu'une fois à l'école la maitresse nous avait demandé de faire une rédaction sur un fait insolite et surnaturel. Quelle ne fut sa surprise en nous rendant les copies, (la mienne avec un 18/20 meilleure note) et en voyant que je traitais d'un sujet que mes camarades ignoraient. Donc très tôt, mon imagination a été stimulée par les récits de papa  pendant que maman me faisait aimer la langue française en m'en apprenant les secrets grammaticaux alors qu'elle m'aidait à faire mes devoirs. C'est fou, je me rappelle même que parfois elle me faisait chanter avec ça, sachant que j'adorais la langue quand j'avais tendance à la désobeissance elle me disait qu'elle n'allait plus m'assister pour mes devoirs de français.

Deuxième élément important: la présence des livres dans mon univers d'enfant. Là encore c'est les parents: si maman n'était pas une férue de littérature, elle éplûchait les journaux et lisait tout. Toujours à jour concernant l'actu mondiale et tout ce que contiennnent les quotidiens. Par ailleurs, très tôt, comme on ne partait pas souvent en vacances, quand je m'ennuyais l'été elle m'exhortait, me poussait à lire. Papa quant à lui, s'il ne me poussait pas à lire, il me montrait les merveilles qu'il y avait dans Science et vie, tous les numéros qu'il achetait trainaient partout dans la maison.  Ses livres étaient toujours liés à  la technologie, à la science, la photo ( il en faisait)  c'était un curieux qui aimait la découverte. Enfin, c'est comme cela qu'un jour en plein ennui en été je me suis dirigée vers la bibliothèque poussée par maman: je me suis postée face aux étagères et j'ai commencé à parcourir les titres des yeux: de belles reliures attirèrent mon attention ( c'était des prix qu'eut ma mère à l'école ) et j'en pris une en particulier, elle était rouge et noire, le titre Jane Eyre. Je lus l'incipit, et il m'accrocha: cette petite fille orpheline qui se cachait derrière un rideau pour lire tranquillement un roman alors que ses cousins la persécutaient. Je ne lâchai plus ce roman jusqu'à la fin. Je l'ai lu d'une traite, je ne mangeai ni ne dormis à l'heure. Le monde de la littérature venait de me happer pour ne plus jamais me lâcher. Quel merveilleux monde que celui de ces mots qui me faisaient voyager, et mon premier voyage fut avec ce roman dans une Angleterre du 19e siècle avec une histoire et un contexte qui me fascinaient. C'en était cuit, j'avais attrapé le syndrôme de la lectrice boulimique. Je dus relire Jane Eyre et la bibliothèque familiale devint mon antre, ma propriété, je ne laissais plus personne occuper cette pièce, plus personne approcher ces livres, ce monde qui était mien et dont j'avais pris egoistement possession. Je sautai sur un autre livre et ce fut Mary Wakefield de Mazo de La Roche, l'univers de la famille Whiteoako vivant à Jalna au Canada m'ouvrit ses portes et j'allai d'enchantement à enchantement. Je lus Lady Chatterlay et Lawrence me fascina par la pronfondeur de sa philosophie, un érotisme aussi sensuel que cérébral m'impressionna tellement dans ce roman. Après ce fut la littérature russe et les principaux classiques y passèrent: Dostoevsky ( mon préféré), Gogol, Tolstoi, Tourgueniev, Pouchkine. Après j'eus une période polars et romans d'espionnage: Série noire, Aghatha Christie, Le Saint, Exbrayat, Conan Doyle. Les classiques français....tout passa jusqu'au moment où je lus tout, je me rappelle avoir eu un cafard quand je constatai que j'avais tout lu et qu'il ne me restait plus rien à découvrir. Alors je relus tout. J'avais l'impression que si je venais à acheter d'autres livres qui seraient neufs, ils ne refermeraient pas la même magie, la même beauté, la même euphorie que les vieilles reliures me procuraient. Ce n'est que bien après que cette impression fut détrompée.

Jusque-là j'ai démêlé comment je fus amenée à aimer la littérature, et je passai donc par l'étape de la lectrice boulimique avant d'avoir enfin l'envie de noircir des pages de mes propres écrits. Cette envie je l'eus à 15ans, j'étais en 2eme année de lycée. Bien entendu ce fut en optant pour la tenue d'un journal intime. Je commençai par raconter bêtement  mes journées car elles n'avaient rien de special, mais petit à petit j'écrivais de plus en plus: je commençai à m'étaler sur les détails de mes cours au lycée, de mes états d'âme, de ce qui me taraudait, de mon avenir, de mes études. Mes études ont pris une place importante, prépondérante, essentielle dans la vie de l'ado que j'étais. J'étais une solitaire préoccupée par ses notes et sa réussite scolaire. Le reste du monde pouvait crever que ça m'intéressait pas. Il parait que je ne remarquais même pas ceux qui se pâmaient devant moi. J'étais dans ma bulle: mon univers c'était mes livres, mes études et mes journaux intimes. Ce fut longtemps le cas. Je m'arrête là.

Je pense avoir répondu aux questions posées: si aujourd'hui je suis une passionnée des mots c'est parce qu'à la base il y a eu des personnes qui m'y ont intéressée, ma curiosité et ma grande sensibilité ont fait le reste. Maintenant pourquoi avoir élu refuge dans ce monde, je laisse la question en suspens. Pas envie de rentrer dans des détails tortueux et plus intimes.

Publié dans Autofiction

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N
Certes, l'aide parentale est extrêmement importante pour orienter un enfant vers la lecture, mais chacun répond à sa manière aux stimuli. Je prends pour exemple mes enfants, je leur donne à tous les deux les mêmes outils pour perséverer dans la lecture, mais je me rends compte qu'il y en a un qui s'interesse plus que l'autre. C'est une nature bien ancrée dans chacun de nous. Ceci dit, ton texte est succulent, comme toujours. Bises.
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M
Beau témoignage. J'y suis arrivé ( je parle de la lecture ) par la BD et la presse. Dieu  merci, il n'y avait pas internet, 500 chaines et la playstation. Tu as touché dans le mille en parlant d'imaginaire stimulé par les histoires. Et bien sûr l'omniprésence du livre.Au plaisir de te lire.
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P
Entre avoir une idée et la mettre sur le papier, il y a un monde. Le<br /> stress de la feuille blanche n'est pas un mythe et c'est pourquoi<br /> l'écriture est un art... Ton texte m'a fait voyager dans le passé, j'ai moi même lu "Jane Eyre" je ne ratais aucun numero de "science et vie"... Aimer lire amène des fois à écrire je pense!!Je reviendrai souvent te lire Fée ;)
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